Photo : François Legeait

 

Rue Oberkampf

C'est une histoire en jeu de l'oie. Celle d'un chanteur débutant qui doit traverser la rue Oberkampf, à Paris, à la recherche du grand Johnny Originel.
Armé de sa seule nécessité poétique et de sa vanité auto-centrée, le jeune chanteur se retrouve pris dans une grande fuite en avant. Traversant agences pôle emploi, café-concerts, boucheries chevalines, PMU, boites de nuits et maison de productions carnassières, il devra batailler dur pour arriver jusqu'en bas de la rue.

La genèse

Cette farce dadaïste, aussi libre qu’échevelée, est le spectacle qui m’a fait basculer de la chanson vers le récit. Si sa structure souffrait de cette liberté, c’est néanmoins le plus singulier de tous mes projets, à l’intérieur duquel des concepts philosophiques peuvent se changer en kyste, des services publics en forêt hantée, mes amis proches en steaks et Mozart en xylopholoutre.

La première version du spectacle a été écrite fiévreusement, en 5 jours et 5 nuits, dans une maison en bord de mer, si mal isolée que le vent du large traversant le salon m’y faisait claquer des dents. Pourtant, quand je repense aujourd’hui à cette sorte de transe, je me souviens moins du froid que des fous rires que j’ai eu, seul, en ré-écoutant mes improvisations (j’écrivais alors en improvisant debout devant un dictaphone).

J’étais ces années-là porté par les spectacles de Philippe Caubère et du conteur québécois Fred Pellerin. Ces influences sont visibles, sans aucun doute et, quoi qu’exécutées avec modestie, elles se colorent de cette étrange manière de hurler par l’absurde, et télescoper sans souci de goût le potache et le spirituel. Cet absurde que je porte en moi depuis toujours m’embarrasse encore aujourd’hui : je ne sais pas bien quoi en faire. Il y a dans cette frénésie d’invention une stridence, une accumulation, qui fait exploser les cadres narratifs et esthétiques que j’emprunte par ailleurs, quand je tente de me tenir en réserve pour mieux voir le monde.

Est-ce pour cette raison que je n’arrive pas à opérer la rencontre entre ces deux parties de moi ?

Mais comme je ne désespère pas d’un jour me rabouter les pôles, j’ajoute à la claudicante bande-annonce ci-dessous deux vidéos qui tètent à la même mamelle absurde. Le poète qui s’ignore, une chanson qui s’émancipa de sa mélodie pour devenir délire pur, ainsi qu’une vidéo issue d’un autre projet, initialement prévu pour Youtube et jamais diffusé : Le médiateur universel.

Dans cette série (j’en avais écrit une vingtaine d’épisodes) on suit les vaines tentatives du Médiateur Universel pour résoudre des conflits entre toutes les entités du cosmos : La ville de Châteauroux contre Le Guide du Routard, le soleil et la lune, la vérité contre la boule à facette, Sisyphe contre les déménageurs bretons, Monsanto contre une aubergine etc. Dans sa quête d’harmonie, le Médiateur est aidé de trois anges : le Troubadour, le Kurde et la Morale. Parviendront-ils à rétablir la grande Balance ?

Distribution

Elie Guillou : auteur - conteur
Mise en scène : Xavier Lacouture
Création lumière : Romain Ratsimba
Création sonore : Michel Head
Dylan Guillou : Production, administration

Photo : Flavie Gibral pour www.hexagone.me